Permaculture et jardins thérapeutiques

Permaculture et jardins thérapeutiques

La permaculture [précision à ce sujet en bas de page] repose classiquement sur trois principes :

  • Prendre soin de la Terre (et de la nature – les sols, les forêts, l’eau, l’air, les êtres vivants…)
  • Prendre soin des humains
  • Partager équitablement (limiter la consommation, redistribuer les surplus, etc.)

Lesquels, ensuite, se déclinent en plusieurs grands domaines ou dimensions. Mis en image par David Holmgren (l’un des premiers à avoir formalisé la permaculture), cela donne la “fleur de la permaculture” telle qu’elle est ici représentée :

permaculture et jardins thérapeutiques - img

 

En théorie et en réalité…

En théorie, le prendre soin des humains est donc un des principes fondamentaux de la permaculture, et le domaine “santé” l’un de ses grands domaines de réflexions et d’actions. En réalité, la permaculture s’est énormément développée ces dernières décennies dans certaines directions (notamment autour de l’agriculture, de l’agroécologie, etc. ; de l’environnement construit ; etc.) et beaucoup moins dans d’autres.

Ce n’est pas un hasard si le “Soigner la terre, nourrir les Hommes” (ou équivalent) que l’on trouve très fréquemment associé aux pratiques permaculturelles dominantes, utilise là essentiellement le verbe “nourrir” dans son sens alimentaire.

Le domaine “santé” s’étant lui-même beaucoup développé du côté de ce qui ici est qualifié de “bien-être spirituel” (les guillemets expriment en effet la gêne que nous ressentons face à de telles expressions, qui ont le défaut de leur qualité : elles peuvent dire tellement de choses qu’elles risquent de ne plus rien vouloir dire du tout), beaucoup moins dans d’autres directions.

Il est même frappant de constater que beaucoup de pratiques et réflexions menées dans le champ des jardins thérapeutiques et des écothérapies (zoothérapie, hortithérapie, etc.) ignorent souvent les réflexions conduites dans le cadre de la permaculture, comme il est frappant de constater que de très nombreuses personnes travaillant en permaculture ignorent quasiment tout du domaine des jardins thérapeutiques…

Échanges, partages, etc.

C’est, heureusement, en train de changer… De plus en plus de personnes, côté jardins, s’inspirent de pratiques liées à l’écojardinage et à la permaculture pour que les jardins thérapeutiques qui prennent soin des humains prennent aussi soin de la nature. De plus en plus de personnes, côté permaculture, s’intéressent au prendre-soin des humains, à la manière dont les pratiques permaculturelles (y compris agricoles, nourricières) peuvent aussi nourrir socialement, physiquement, psychiquement…

De plus en plus de personnes, certes, mais pas encore très nombreuses. Nous espérons que ce site, qui s’appuie justement sur un certain nombre de liens importants entre jardins thérapeutiques, hortithérapie(s) et permaculture, permettra aux uns et aux autres de davantage se découvrir, se connaître et échanger.

Une précision au sujet de la permaculture

Parler de la permaculture, souligner les liens qui existent entre les réflexions, pratiques, etc., évoquées sur ce site et celles qui sont menées dans le champ de la permaculture, ne veut pas dire souscrire béatement à ce qui est parfois utilisé comme une sorte de concept merveilleux, autosuffisant, etc.

Beaucoup pensent que la permaculture – et son succès – doivent plus à des réussites en termes de design, de communication, qu’à de réelles avancées sur la compréhension de la complexité du réel, des systèmes (écosystèmes notamment), etc. Et la “pensée permaculture”, quand elle est réduite à quelques schémas comme celui ci-dessus, plairait justement parce qu’elle est réduite…

Ce n’est sur cette page que nous mènerons de tels débats. Mais il était important de préciser qu’ils existent et que s’intéresser à la permaculture ne signifie ni perdre son esprit critique ni son ambition à l’indépendance intellectuelle.

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2 réflexions sur « Permaculture et jardins thérapeutiques »

  1. Est-ce qu’un jardin devient thérapeutique à partir du moment où on décide de faire partager le bien-être qu’il nous procure?
    C’est ce que j’essaie de transmettre à mon niveau ,dans le collège où je suis avs depuis 6 ans, le jardinage est un biais formidable pour “enseigner” autrement quels que soient les élèves (en situation de handicap ou non); malheureusement cette compétence n’est pas reconnue et les formations en hortithérapie souvent réservées aux soignants.

    1. Il y a heureusement de plus en plus de formations dans ce domaine, donc certaines ne sont pas réservées aux seuls soignants. Je vous conseille d’aller faire un tour sur le site de la Fédération Jardins, Nature et Santé, qui peu à peu va les répertorier.
      Pour la dimension thérapeutique, tout dépend un peu de la définition qu’on donne au mot :
      – soit assez restrictive : le jardin n’est thérapeutique que si, en plus d’être bénéfique, son usage s’inscrit dans une démarche de soin accomplie par un soignant ;
      – soit plus générale : le jardin est thérapeutique à partir du moment où son usage accroît le bien-être, l’équilibre, la qualité de vie, la forme, etc., de ses usagers…
      L’essentiel, au-delà des définitions, c’est bien tout ce que vous permettez aux élèves et aux éléments du jardin de faire ensemble pour qu’ils puissent prendre soin les uns des autres.
      Bonne continuation !

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